Soudain les vaches !

J’ai onze ans. J’ai jamais entendu parler de Led Zeppelin, la drogue est un concept encore un peu flou dedans ma p’tite tête, mais je sacre pis je sais c’est quoi une double-pénétration anale — le père de mon voisin est propriétaire d’un sex-shop, faque t’sais.

Aujourd’hui, je vais à la ferme de Guy Touchette à Village Saint-Pierre avec ma classe. C’est not’maîtresse, la belle madame Trudel, qui a organisé l’activité. Elle connaît personnellement monsieur Touchette selon la légende.

Ma maman m’a obligé à mettre mes bottes d’eau, comme c’était spécifié dedans le « mot aux parents », pis elle m’a fait un lunch à mon goût : sandwich au paris-pâté, tranche de fromage jaune orange à part (toujours à part, les tranches de fromage), quat’roulés suisses pis deux boîtes de punch au mauve. Gras dur — oh oué, je l’aime ma maman !

Il est huit heures & quart, on attend l’autobus dans la cour de récré.

C’est long. Déjà.

Faque moé pis Bruno, on passe le temps en écœurant Caroline-les-poux. On lui crisse des bines, on lui pitche des roches, on la traite de pute, tout ça en faisant surtout bin attention pour pas toucher ses cheveux parce qu’elle s’appelle pas « Caroline-les-poux » pour rien.

— Arrêtez les gars sinon je le dis à madame Trudel.
— Si tu fais ça pute, on va mettre des cocaïnes dedans ton jus à midi…

La réplique est assez sèche pour qu’elle ferme sa gueule pis qu’elle endure nos mauvais comportements de p’tites crasses. Faqu’on continue joyeusement. On lui cri toutes sortes de noms — « les poux » ça devient tellement yesterday : Caroline qui pue, qui chie pis qui pisse deboutte en éclaboussant. On lui shoot du « poule », du « cochonne » pis du… « vaahcheuh ». « Caroline la vache » ça sonne correct avec ses deux mamelles qui commencent à pousser, t’sais, Caroline a ordoublé vu qu’elle est pas très wise.

Quand l’autobus arrive enfin, not’chum Gaudette qui, lui aussi, a ordoublé — mais deux fois —, est après piquer un cadenas sur un bécik, un cademas destiné à fesser sur Caroline, tu vois-tu le genre ?

Madame Trudel, qui a tellement rien vu passer, nous met en rang. Par deux, on entre dans l’autobus à queue leu-leu.

J’orfuse le suçon collant que le chauffeur m’offre en souriant à pleines dents, j’ai passé l’âge des bonbons, crisse de pédofif !  Je passe en pitchant un regard destroy à Caroline qui s’assit en avant, avec Damien pis sa gang de bolés. Eux aussi la traîteront comme de la marde, sauf qu’ils vont faire ça avec des mots plus songés, des insultes fines que moé pis Bruno on pourra jamais se souvenir. Trop de syllabes.

Faut leur donner ça aux bolés, ils ont un vocabulaire qui sonne comme une tonne de brique. Ha !

Je m’insère dins derniers bancs avec Bruno, pis Geneviève pis Sophie, la nouvelle.

Gaudette, lui, manquera l’autobus. C’est pas grave, il s’en sacrait comme de l’an quarante de la ferme à Touchette. Il l’a visitée un paquet de fois. C’est même là qu’il a passé son premier doigt ! À Josée queque chose, La fille du prof d’anglais.

Toutes cordés en-dedans de nos sièges, Madame Trudel y va de queques consignes de sécurité pis d’hygiène :

— Les enfants… C’est silence durant tout le trajet. Monsieur Bond, notre chauffeur, est un peu fatigué ce matin.
— Mais madame, les comptt…
— Non Damien. Nous n’allons pas nous mettre à chanter les comptines. Pas tout de suite, dit-elle en se tournant vers le chauffeur, s’appuyant du main sur son épaule.. Ça va monsieur ? On va se rendre ?

Bond cale la moitié de sa bouteille de Gatorade.

— C’est bon, c’est pas si tant pire que ça ma belle Nicole, dit-il avant de roter pis d’embrayer en première. Heille les kids, j’ai une histoire incroyable à vous raconter… L’an passé, à peu près à pareille date — je vous le jure ! —, j’amenais un groupe de sixième année de Saint-Félix à une visite guidée à la Firestone, voir comment c’était faite des pneus t’sais. T’sais han ? Mais dedans un concours de circonstances extraordinaire, on a faite un flate sur la cent trente-et-un à la hauteur de la Cité du Paradis, le parc de maisons-mobiles à Notre-Dame-de-Lourdes. Bing ! BANG ! CRRrrrrrOOooooUUUNnch !

Il criiiiii comme un débile, le con !

Les plus jeunes d’entre nous pissent queques gouttes dedans leurs culottes pastelles tellement ils ont la chienne. Tapettes. Moé je mâche ma gomme balloune super tranquillement, moé chuis pas une fag comme eux autres, moé ça m’en prend pas mal plus pour m’épater. Moé j’écoute pas trop. Pis Bruno non plus. On est après se préparer une grosse chique pour la fronder dins cheveux diaboliques de Caroline en sortant tantôt. Watch out, ma toute en sueur…

— Pis là, les locaux sont débarqués… T’sais les locaux !? On pensait que c’était pour v’nir nous aider, plusieurs kids souffraient de multip’fractures t’sais, des os pètés pis de la chair déchirée ! On avait foncé en plein dans l’hôtel de ville de la place, une roulotte double avec un tas de drapeaux accrochés après. Les consanguins, crois-moé…

On le croyait.

— Ils nous ont carrément capturés. Ils voulaient nous manger les maudits, c’était des hosties de cannibals !
— D’accord monsieur Bond, ça suffit. Ils ont appris un tas de comptines, nous allons chanter finalement. LES ENFANTS, CHANTONS ! Deux p’tits p’tits chats qui…

P’tits p’tits chats qui ont soif… Toute la classe s’est mise à chanter Slurp slurp en chœur. Yé. Moé pis Bruno, on a demandé à Sophie pis Geneviève de nous montrer leurs fesses en échange d’une Kit Kat.

— Allez-vous nous montrer vos pénis ?

Deux p’tits p’tits chats et un bol de bon bon lait…

— Contre quoi ?
— Un Kit Kat, répond wise Geneviève.
— Oké.
— Ta gueule Bruno. La Kit Kat, on s’en sacre, on vient de leur en donner une. Pour les pénis, c’est plus cher qu’une barre de chocolat les filles.
— J’ai des cigarettes, intervient Sophie.
— Heille, moé aussi j’en ai des cigarettes, lâche Bruno.
— Je pourrais piquer de la bière à mon père aussi…

Moé pis Bruno, on s’orgarde, pas besoin de dire un mot, on la trouve tout d’suite sympathique la nouvelle.

— Oké. On s’ortrouve à cabane après souper.

Deux p’tits p’tits chats…

— Deal.
— Astheure, montrez-nous vos fesses.

Sluuuuuurp, sluuuurp…

— À soir à la cabane.
— Pis si vous êtes fins, on va peut-être vous montrer nos vulves, ajoute Sophie.

Une décharge me frappe en plein dans poitrine, ça doit être ça l’amour. Mais l’amour, c’est pour les tapettes, faque ça doit pas être l’amour finalement.

La classe, sous la direction musicale de madame Trudel, enchaîne avec Six, c’est pas si facile. Heureux comme les poux à Caroline, on chante avec le groupe, mais on y glisse des niaiseries : Six, c’est pas si facile à sucer, genre.

On pogne pas de flate à Notre-Dame-de-Lourdes pis on arrive sain & sauf à la ferme de Guy Touchette.

C’est une journée grise, il mouillasse continuellement, la cour de la ferme est faite en bouette faque Madame Trudel fait pic-pic avec ses talons hauts — elle aurait dû relire le « mot aux parents » pour les bottes d’eau. Après essayer de se déprendre, elle nous dit de nous tenir tranquille, de s’orgrouper.

Monsieur Bond l’orgarde faire en fumant une cigarette.

Guy Touchette arrive, nerveux.

— Hello lllllles enffffants, dit-il en enlèvant sa casquette pour gosser après la palette. Bbbonbonbonjour madame Trrrrrudel.
— Bonjour monsieur Touchette.
— Pourquoi il parle bizarre ? demande Éric Soucy (ou Saucier, je sais pas trop, c’est pas mon ami).

Guy Touchette a p’us l’air de savoir où se mettre, les yeux écarquillés pis la face luisante de sueur.

— C’est parce que c’est un farmer, garroche Bruno. Les farmers, c’est pas éduqué comme nous autres.
— BRUNO, tchhht !
— Mais c’est vrai, mon père me l’a conté : ça connaît pas beaucoup de mots pis ils ont même de la misère à prononcer ceuses qui savent.
— Bruno n’a pas tort, lance à brûlepourp’ Damien. Les fermiers sont souvent issus d’unions consanguines…
— Consanquoi ? que je demande.

Madame Trudel est occupée à dépogner un de ses talons de dedans la bouette, pis Guy Touchette est bin qu’trop cave pour intervenir. Bref, on a le champ libre pour se livrer à nos bas instincts de garnements.

— Consanguin ! me crache Bruno à six pouces du nez. Comme Éric Saucier.
— C’est pas Éric Soucy ?
— Fouille-moé ! Heille Éric ! C’est-tu Éric « Saucier » ou Éric « Soucy » ?
— Han ? fait Éric Ssss…
— Ça veut dire quoi « consanguin » ? demande Geneviève.
— C’est comme si tu faisais des kids avec ton grand-frère, réponds sèchement Bruno.
— Je pourrais faire des enfants avec Gabriel ?
— Oué, mais ils seraient pas brights. Pareil à monsieur Touchette que les parents sont probable frère & sœur.
— BeuaAAaarggh ! chantent en chœur la gang à Isabelle, frais chiée en chef des frais chiées.
— Encore une fois, tu as raison Bruno, intervient à nouveau Damien.
— Je l’sais, c’est mon père qui me l’a conté !
— Si monsieur Touchette est bel & bien issu d’une union consanguine, il se pourrait qu’il soit moins intelligent que la moyenne. Il souffre certainement d’anomalies génétiques. Dans l’exemple qui nous intéresse, peut-être est-il bègue, suggère Damien.
— Es-tu bègue monsieur Touchette ? demande Geneviève.

Le farmer arrête un instant d’orgarder les grandes jambes de not’maîtresse, on arrive à voir ses bas-collants qui lui arrivent aux cuisses.

— Chuis pas bègue pppppantoute ! qu’ils répond en postillonant sur les premiers rangs.

J’ai les yeux vissés sur Madame Trudel qui sort soudain deux boules chinoises de son vagin, plop plop ! Elles sont orcouvertes d’une pellicule visqueuse, blanchâtre. Elles lui glissent des doigts — Sylvain ! —, tombent dans bouettes, calent avec le talon comme dins sables mouvants. La plotte wide de madame Trudel dégouline partout sur ses cuisses — SYLVAIN !!! —, sur ses bas-collants, pis elle pisse en suçant son index…

— SYLVAIN !!! me cri Bruno.
— Quoi ?
— Écoute…

Je sors de la lune.

Madame Trudel enligne sévère le farmer.

— Si ça concerne pas notreeuh… Si ça concerne pas votre vie privé, je vois pas pourquoi on cacherait quoi que ce soit aux élèves. Ils sont ici pour apprendre sur la ferme. Quel est le problème monsieur Touchette ? Quand même pas une vache folle !?
— Exxacctctement : il s’agit d’une vache folle… Très folle.

Ça fige un court instant sur un regard intense entr’adultes.

— C’est quoi que t’insinues par là, Guy ?

SOUDAIN LA VACHE !!! Elle mmmeuuuuhgle bizarre un grand coup ! Elle est dans grange à vingt pieds de nous autres.

— C’est quoi ça ? demande Geneviève, jamais à court de questions pertinentes.
— Une vache, guess Éric Soucier.
— Pantoute. C’est un dobberman, jure Bruno.
— T’as un dobberman monsieur Touchette ? demande Ge…
— C’est « la » vvvvache.
— « La » vache ? interroge madame Trudel.

Guy Touchette baisse les yeux, ça veut pas mal dire « oui ».

— Aaaah. D’accord… soupire not’maîtresse, toute soulagée. Je pensais queuh…
— Mais non, c’est pas vous la vache la plus folle…

Sur sa lancée sans accroc, le fermier s’ortourne vers nous avec assurance.

— Je sais que vous vouliez voir des vaches aujourd’hui les touts p’tits, comprendre comment elles font du lait pour que vous puisss… puissez manger vos frooploops, mais il nous a arrivé une marde c’te nuite…
— Une de vos vaches a contracté  l’encéphalopathie spongiforme bovine ?

On fait toutes « whoooaaaaah » en même temps. Damien a beau avoir une face à fesser dedans, il capable d’en sortir des hots : anséfasponjifovine, t’imagines-tu le monstre ?

Elle mmmeuggrrrrlle une aut’fois ! C’est terrible !

Monsieur Touchette inspire profond, pis se lance du mieux qu’il peut dins explications.

— Autour de minuit hier, on a vu comme une grosse lumière mauve par le châssis dans le salon. Ça… Ça nous a éblouis. J’étais avec Lacet, le kid aux Parenteau, il m’aide su’a terre. Pis ça nous a comme endormi tous les deux. Paf ! Au moins une bonne heure, les annonces d’abrollers étaient finies quand on s’est réveillés, les deux en même temps, en faisant l’saut ! Toutes les deux, on avait mal au cul en simonac, comme si c’était au vvv…
— Guyyyyy… tempère la maîtresse.
— Pis c’est là qu’on a entendu « la » vache.

Guy Touchette prend une pause, d’un coup que « la » vache meugle un aut’coup.

Mais non, c’est silence longtemps. Quinze secondes faciles.

— J’ai pris mon ccc…

« La » vache mmmMMMmmeugGrrrrrrrrRRrrr…

— J’ai pris mon coat pis Lacet m’a suivi. Dans l’étable, y avait une vache qui était après slasher toutes les autres. Pas ffFfolle, enragée bin rRRrraide ! Elle s’est calmée au boutte d’une demie-heure, épp… épuisée. Moé pis Lacet, on a réussi à l’attacher mais câlisse, elle a arraché le bras à Lacet en le mordant !
— Il est où Lacet ? interroge l’indispensable Geneviève.
— Lacet est mort au bout’d’son sang, ma chouette.

Madame Trudel tressaille.

— Arrête de raconter des niaiseries, Guy ! Tu vas traumatiser ma classe, cccrissss… sstophe !
— Fuck Murrrielle ! Attachée dans ggGrrange, j’ai une vache possssédée par des extraterrestres ou queque chose du genre…
— Une vache possédée par des extraterrestres… s’émerveille Bruno.
— WOUHAAHW !  qu’on fait en chœur.

On part toutes à courir dans direction de l’étable. UNE VACHE EXTRATERRESTRE,  FUCK THAT !

— Nooooon, faut ppp…
— Du calme les enfff…
— C’est dangeuuuuh…

On s’en fout du danger : une vache extraterrestre ! La bête lâche un grand hurlement quand les premiers kids entrent — moé pis Bruno notamment.

C’est full sang dans place ! Il reste quelques vaches debouttes, cinq six dispercées dins raccoins. Pis au milieu des trente-six autres vaches, mortes égorgées, écorchées, se tient « la » vache. Super difforme, la tête comme si on l’avait battue à coup de batte de baseball, les pattes disproportionnées, l’abdomen deux fois plus long que la normale (pareil à un chien saucisse, une vache saucisse donc). Pis sa gueule loadée de trop de dents, de crocs carrément, ça déborde dedans toutes les directions, de l’écume noire qui lui pend au museau.

— Pour y passer la laisse, il a quand même fallu la battre à coup de bâton pour l’assomer queques minutes, révèle monsieur Touchette lorsqu’il entre dans l’étable derrière nous.

Ça explique la tête, mais pas le reste.

Elle est d’une drôle de couleur, ça tire vers le rose pâle, c’est parce…

— C’est parce que se peau devient transparente, on voit ses vaisseaux sanguins. Saviez-vous qu…
— T’as gueule Damien. Veux-tu bin… supplie la maîtresse.

La  vache nous grrrrrrogne après. Au boutte de sa laisse tendue.

— Pourquoi ses pis sont comme ça ? demande devine qui.

SES PIS HOLY FUCK ! Surgorgés de lait, prêts à nous sauter dans face ! C’est ça qui a l’air de la faire capoter — avoir les couilles de même, je capoterais aussi. On ricane quand elle se dresse sur ses pattes d’en arrière comme si elle était un cheval.

Mmmeuglement désespéré.

Elle est pas un cheval, c’est une vache… Pas loin d’une vache en tout cas.

On est curieux, on l’observe en gardant une certaine distance. On court autour pis on lui cri des noms : monstre, alien, mère à Damien ! Mais quand Éric sss’approche trop, le mammifère s’en empare, SNAP ! Une morsure solide dans l’épaule pour se l’approprier.

Éric, généralement pas vite vite, réagit vivement en se faisant happer, il crève un œil à la bête avec la clé qu’il a d’accrochée dans l’cou, avant de se faire déchirer en deux, en quatre pis en treize !

MmmmmeuhgGRrrrrrrr !

Isabelle pis sa gang de fraîches pètes partent à brailler, même si elles aimaient pas Éric, elles ont envie de se sentir concernées. Pas moé, ni Bruno. On connaissait même pas son vrai nom de famille faque t’sais.

À cet instant précis, on en sue toutes une shot, on est énervés en crisse, on entend même p’us la maîtresse nous ordonner de sortir de l’étable immédiatement sous peine de retenue. C’est juste qu’on est incapables de déguerpir, on est figés sur place, fascinés ou bin en état de choc : c’est pas tous les jours qu’on voit un camarade de classe — aussi reject soit-il — se faire bouffer par une vache d’outr’espace.

On fait « whouahw » ou bin « ouache », mais on reste là… Jusqu’à ce que Geneviève lâche un hostie de cri de la mort : un cadavre de vache à côté d’elle est après remuer.

— Qu’est-ce t’attends pour lui venir en aide ? lui lance Bruno.

Geneviève veut devenir vétérinaire parce qu’elle aime les animaux — je le sais elle me l’a dit quand j’ai failli lui passer un doigt cet été, c’est ce qui a fait que j’ai pas réussi à lui en mettre un justement, on s’est mis à parler —, faqu’elle se garroche sur la pauv’bête avec tout plein de bonnes intentions, l’animal doit souffrir le martyr, il a une énorme plaie sur le chest, on voit le coeur qui… qui bat pas pantoute, pourtant.

Geneviève se fait mordre dans face, CLAC !

La vache-zombie la tue sec en lui broyant le crâne, CROUNCH !

— GENEVIÈVE CRISSE ! J’AURAI MÊME PAS RÉUSSI À TE FRENCHER POUR VRAI !

C’est plus fort que moé, ça sort tout seul, avec des larmes en plus ! Bruno va me niaiser une coupe de semaines avec ça c’est certain, peut-être même que ça va me suivre jusqu’au secondaire. Fuck.

C’est là que toutes les cadavres de vaches se mettent à gigoter, à geindre comme des débiles. On nous ordonne une fois de plus d’évacuer l’étable une bonne fois pour toute pis de REMBARQUER DEDANS L’AUTOBUS POUR L’AMOUR DU CIEL !

On obéit pour une fois pis on se sauve.

Le troupeau de vaches zombies fonce sur nous. Noir. Blanc. Pis… Pis rouge ! C’est le rouge qui nous crisse la chienne, faqu’on rembarque assez raide. Il y en a bin queques-uns qui figent sur place — ils se feront dévorer dedans un carnage hors de l’ordinaire —, mais la plupart réussissent la manœuvre. Même Guy Touchette embarque avec nous autres.

Monsieur Bond fait démarrer l’engin, pis on déguerpit enfin.

Derrière nous, on laisse trois ou quat’camarades se faire démembrer par les vaches enragées — pour la survie de l’espèce, il faut toujours en sacrifier un certain pourcentage.

Il y a un silence lourd dans l’autobus pendant quasiment trente secondes. Pis monsieur Bond…

— Vous savez comment qu’on a échappé aux cannibals de Notre-Dame-de-Lourdes ? Au boutte de six jours, on s’est fabriqué des…

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Moé pis Bruno, on a crissé nos gommes dins cheveux de Caroline en arrivant dans cour d’école, pis j’ai réussi à bummer une cigarette à monsieur Bond en sortant de l’autobus. Je l’ai gardée pour plus tard, pour après souper, quand j’ai fini de me crosser en pensant à Geneviève pour une dernière fois.

Comments
14 Responses to “Soudain les vaches !”
  1. doctriton dit :

    Yeah, la réédition d’un classique!

  2. edhardcore dit :

    Réédition ? Classique ? C’est bien vrai que tu en as fait la correction à deux reprises, mais cette histoire, c’est bel et bien un inédit. Ça fait trois ans que je la garde dans mon tiroir pour un fanzine qui ne se fera jamais.

  3. doctriton dit :

    C’est ce qu’on appelle être dans le champ… Désolé.

  4. Pistov dit :

    Pour un cabinet d’enfer: Triton ministre de la santé et Hardcore ministre de l’agriculture.

    Bon okay, vous vous partagerez le ministère de la condition féminine.

  5. Pistov dit :

    En démocratie c’est chacun son tour dans l’isoloir. Sinon, arrangez-vous pour qu’elle ait au moin 18 ans.

  6. Pistov dit :

    Le plus difficile avec les coulisses du pouvoir c’est de ne pas en tacher sa robe.

  7. Haha nice shit, bon texte.

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