De l’émulation

Ce jour-là, au début des années ’90, on se trouve dans les locaux d’un studio. Bruce Dickinson est pris de panique. Il attrape le batteur Nicko McBrain, je crois, et lui fait écouter un démo-tape de Dream Theater, celui sur lequel était probablement enregistré l’ébauche d’Images and Words, l’album de Dream Theater qui a propulsé la formation vers les régions supérieures du succès et de la reconnaissance – album fondateur, on pourrait dire, qui les a établi comme leaders dans le genre prog-métal. La panique de Dickinson est contagieuse et s’empare de McBrain.

Je ne vous ennuierai pas avec une musicographie cheap mais il faut mettre les choses un tant soit peu en contexte. Les années ’90 ont été catastrophiques pour Iron Maiden. Sur tous les plans, le groupe avait dominé la scène metal des années ’80 (certains diront qu’il ne l’a pas dominée mais qu’il l’a littéralement fondée). Tant qu’à moi, Maiden a atteint son apogée avec Seventh Son of a Seventh Son (1988), album qui cristallise l’aboutissement de leur idée artistique et musicale. Après ça, peut-être épuisé, peut-être parasité par les monstres qui sont nés avec la fin des années ’80, c’est-à-dire la figure du producteur (tellement bien personnifiée par Christopher Walken dans Wayne’s World II) ou celle du glam-rocker, Iron Maiden s’est effondré dans une déprime artistique qui a donné les albums plutôt tièdes qui ont précédé le départ de Bruce Dickinson en septembre 93. En fait, cette tiédeur a envahi le mouvement métal au grand complet, l’enveloppant dans une forme de dormance que seuls les « Jotuns » scandinaves sauraient briser.

Vous vous demanderez sûrement qu’est-ce qui pouvait faire paniquer Bruce Dickinson dans cette cassette. On l’aurait cru imperturbable, lui, ce frontman capable de faire hurler jusqu’à l’hystérie des stades entiers. Dream Theater venait de paver la voie et c’est exactement ce qui faisait paniquer Bruce Dickinson. Tout au long des années ’80, Maiden avait su innover, avait suivi une sorte de projet esthétique qu’aucune formation similaire n’avait su surpasser – Maiden était visionnaire, voire messianique, pris au sens d’émetteur d’une « parole neuve »  que lui seul savait augmenter. Jusqu’à ce qu’arrive Dream Theater. L’avant-garde venait de shifter, de changer de main. Une formation toute jeune venait de récupérer et d’améliorer le projet esthétique que Maiden s’était fixé.  Le prophète avait donné naissance à un autre prophète qui articulait l’idiome sacré plus habilement que son prédécesseur.

La génération spontanée, c’est bon pour les créationnistes. Et nous n’en sommes pas. Ce qui s’est passé ici, c’est que par la dialectique que permet l’émulation, Maiden comme projet esthétique, s’est vu absorbé, puis augmenté par Dream Theater. Et bien que cette formation fut en filiation artistique avec Maiden, elle a pu surpasser cette dernière grâce à la capacité d’émulation de Mike Portnoy et de John Petrucci – les artificiers premiers de Dream Theater.

À la fin de l’automne, j’ai eu de longues discussions à propos de l’émulation. J’y ai ensuite beaucoup réfléchi. Si je pouvais faire une synthèse en forme de Lapalissade ça ressemblerait à ça : si on veut se fixer un projet littéraire – et là tout dépend vraiment de ce qu’on veut faire avec la littérature, c’est-à-dire « quelque chose » ou « rien » –il y a une attitude à prendre. En passant, la fausse modestie ne sera pas tolérée ici, pas de « je n’ai pas la prétention d’écrire pour la ‘grande littérature’ », pas de « je n’ai jamais voulu être un auteur ». T’sais aussi, les usines de textiles n’ont pas la prétention de ne rien polluer, elles ont la prétention de créer des jobs. Mais le 24 décembre au soir, elles ont quand même passé l’année à salir l’écosystème qui les environne – si tu écris et si tu publies, malgré tes intentions, tu participes inévitablement à quelque chose. Et si tu prends la forme littéraire pour publier, et bien tu t’inclus, que tu le veuilles ou non, dans la littérature (qui n’est désormais ni grande ni petite). Pour revenir à cette attitude que je revendique : nous n’avons plus de temps à perdre à vouloir dépasser les médiocres. Nous le ferons de toutes manières en se comparant aux grands. Et c’est surtout en se mesurant aux grands, en augmentant leur projet (qui est lui-même le projet des grands qui les ont précédé) que nous ferons quelque chose.
Vous me direz que les médiocres et les grands forment deux catégories assez arbitraires, merci. Si vous faites vos devoirs et vous vous attaquez aux textes les plus formidables, les plus difficiles, les textes qui vous terrorisent, si vous épluchez les traditions, les corpus, vous effacerez l’arbitraire et les catégories se recouperont elles-mêmes. En fait, ce que je tente de dire ici, c’est qu’il nous faut un projet « sérieux » d’émulation et ne pas demeurer dans le confortable (donc ceux qui craignent de corrompre leur imagination en lisant les autres, too bad pour vous). Ou dans l’ironique (qui revient à crémer de cool les pâtisseries médiocres). Il faut repenser à une forme d’espace vertical et limiter la latéralité des rapports. Ce n’est pas une compétition de plates-bandes qu’il nous faut mais un genre d’escalade. Se travailler le poumon dans l’oxygène raréfié.
Si le rapport transcendant avec la grande œuvre, la grande littérature, est franchement désuet, on peut encore s’en servir comme métaphore de travail. Il faut réfléchir à tout ça. Sinon, c’est la tiédeur qui nous attend.

Plus jeune et encore très con, j’avais assisté à une conférence de Jean Larose. Ce que j’en ai retenu c’est « d’écrire avec tous les livres ouverts ». Je voudrais maintenant ajuster cette citation : « écrire avec tous les bons livres ouverts ». De là l’importance de ce qu’on veut faire avec la littérature. Ton projet littéraire est là, partout, sur les pages de ce que tu as lu et que tu liras. Sous forme d’ébauche en tout cas. Parce que tu viens de quelque part et tu t’en vas autre part. Si tu demeures dans le littérairement confortable, c’est la sédentarisation et l’immobilisme qui t’attendent puis l’épuisement de tes ressources car tu auras creusé ta matière trop longtemps au même endroit . Tu ne veux pas être cet auteur qui réécrit le même livre toute sa vie et tu ne veux pas non plus être cet auteur qui ne veut plus rien écrire parce que les médiocres l’ont blasé.

C’est peut-être ça qui est arrivé à Maiden au début des années 90’. Prisonniers des tropes (au sens de moyens) qu’ils avaient développés, il ne savait plus innover. On a innové à leur place.

Comments
45 Responses to “De l’émulation”
  1. Paul dit :

    « Sur tous les plans, le groupe (Iron Merdique) avait dominé la scène metal des années ’80 ». Je n’ai jamais lu quelque chose d’aussi vulgaire de quelqu’un qui croit savoir quelque chose la musique. Ce groupe s’est complètement effondré après le départ de leur premier chanteur.

    • M. Gregor dit :

      Fuck, un calembourgeois.

    • Le Mercenaire dit :

      Hahahaha! Beau jeu de mot.

      Je ne sais pas, mais Paul Di’anno aurait été incapable de suivre Iron Maiden durant des tournées telles que la World Slavery Tour. Mais bon, les groupes, on les aime tellement plus quand ils sont encore dans le circuit souterrain, non?
      Allez, maintenant, illumine-moi.

      • Paul dit :

        En effet, il aurait été incapable, car ç’aurait été aussi rock n roll qu’une campagne électorale avec Michael Ignatieff. Un chanteur d’opéra en collants, c’est qu’il leur fallait. Ne manquait que le patinage de fantaisie pendant l’intermission.

        • Le Mercenaire dit :

          Maiden ne fait pas d’intermission durant ses shows. Et qu’est-ce que ça l’a de mauvais, un chanteur d’opéra, à part de provoquer l' »effondrement » d’un groupe (non mais, Maiden s’est effondré – EFFONDRÉ – en ’83, pareil, on connait-tu pas ça, la musique)? Pis Paul Di’anno portait des collants lui-ci.
          Et j’attends encore que tu me dises qui a dominé la scène métal – sur tous les plans – durant les ‘8o.

          • Paul dit :

            J’apprécie ton intervention. Toutefois, quels sont les plans? Comment un seul band pourrait-il se targuer d’avoir planté tous les autres dans un spectre immense, de Slayer à Guns N Roses? Le mélange du progressif et du métal ne faisait pas nécessairement du métal à mon sens. Le métal, c’est le rock distillé à l’excès. Les métriques complexes, les collants, la compression, la distorsion asseptisée, le pilotage de 747, le sens du cirque, les bouteilles d’eau, ce n’est pas du métal. Une tombola.

            Entendre les propos d’un cool metal dude:

            • Le Mercenaire dit :

              Si tu regardes l’ascension de Maiden au cours des années ‘8o – ascension qui s’est faite sans l’aide du vidéoclip et de la radio (ce que GNR et Metallica – moins Metallica, mais quand même – les géants des années ‘9o ont eu de leur côté) – ça parle tout seul. Dès 82, Maiden se sont mis à faire des tournées mondiales monstres. Et ce point est très important. Maiden a ouvert un circuit « métal » monde sur lequel pouvaient ensuite se produire d’autres groupes, y compris les trash metal (prends l’affiche de Seventh Tour of a Seventh Tour – les groupes du large spectre dont tu parles s’y trouve rassemblés alors que Maiden joue la tête d’affiche, comme une espèce de figure paternelle). Alors que leurs contemporains du début des années ‘8o se sont étiolés, Maiden a ouvert un champ. Ou des champs.
              Pas que je sois un fan de Power Metal ou d’Epic Metal, mais dans Somewhere in Time, tu lis déjà les bases de ce que feront des groupes comme Rhapsody ou Iced Earth. 7th Son of a 7th Son préfigure beaucoup de ce que feront Dream Theater, voire Opeth.
              Écoute des covers de Maiden – un qui parle beaucoup c’est la version de Strange World que rend Evoken – où voit que tout était en place pour le doom metal, s’agissait juste d’ajuster la lourdeur.
              Et parlant de métriques complexes et de mélange du prog et du métal, si tu dis que Deliverance d’Opeth ou bien Symbolic de Death, ce n’est pas du metal, je pense qu’on atteindra pas de common ground.
              Peter Steele dis que Sabbath avait déjà composé tous les riffs possibles du metal, moi je dis que Maiden a ouvert un champ, a rendu possible un champ, mais surtout, un circuit sur lequel a pu vivre une scène qui a survécu aux ingrates années ‘9o.
              Ce que tu revendiques du metal maintenant, c’est un life-style, voir habitus rock’n’roll. Un peu comme le ‘cool’ de Miles Davis. Quelque chose d’essentiellement lié au comportement. Axl Roses peut bien dire qu’il n’a rien à voir avec Maiden, GNR en est quand même le descendant. Et là, ton choix me laisse perplexe, GNR, c’est peut-être pas du pilotage de 747 mais c’est Don’t cry et November Rain, deux tounes dignes de Bon Jovi. Mais je me rattrape tout de suite en te disant que pour la tombola, je suis bien d’accord. Et c’est pourquoi mon propos sur Maiden ne tournait qu’autour des années ‘8o. Plus spécialement sur l’anecdote que j’ai exposé.
              Si on retourne vers la littérature maintenant, on pourrait comparer Iron Maiden à Chateaubriand, qui se tenait à un moment charnière de l’invention de la figure de l’auteur moderne. Dans les cercles littéraires du XIXe, Chateaubriand était vu comme une sorte de parrain envers qui tout le mouvement littéraire en marche avait une sorte de dette. Car peut-être contrairement à Hugo, qui a occupé le siècle, Chateaubriand précédait d’une génération et s’établissait ainsi comme figure de proue. Maiden c’est un peu ce genre de figure, d’où le fait qu’il ait dominé une décennie entière.

              • Paul dit :

                Bons points. Dommage qu’on ne puisse pas refaire l’histoire (pour l’instant). J’ignorais que Chateaubriand avait été si important à l’époque. L’histoire l’aura remis à sa place. Cela dit, je ne dis pas que le prog et le métal ne donnent jamais du métal. Cependant, quand le côté geek et la technique émasculée prend le pas sur la férocité et l’émotion, je décroche. D’ailleurs, pour plusieurs écrivains romantiques d’abord populaires, la technicité l’emportait paradoxalement sur l’émotion. Comme pour Maiden, l’important était plus le style que le fond pour faire vendre du livre. Baudelaire, Flaubert, Rimbaud, tous des authentiques sont morts pauvres comme Job: pas assez fashion et trop à contre-courant. Or, la vrai affaire, c’était eux. Corrélativement, l’importance de Maiden décroîtra immensément au XXI siècle.

                • Le Mercenaire dit :

                  Relis ça et tu vas voir que je partageais beaucoup de ce que tu disais : «Maiden a atteint son apogée avec Seventh Son of a Seventh Son (1988), album qui cristallise l’aboutissement de leur idée artistique et musicale. Après ça, peut-être épuisé, peut-être parasité par les monstres qui sont nés avec la fin des années ’80, c’est-à-dire la figure du producteur (tellement bien personnifiée par Christopher Walken dans Wayne’s World II) ou celle du glam-rocker, Iron Maiden s’est effondré dans une déprime artistique qui a donné les albums plutôt tièdes qui ont précédé le départ de Bruce Dickinson en septembre 93»
                  Le côté geek et technique à la Stratovarius m’éverve autant que toi. Mais quand tu t’attatques à l’authenticité artistique comme qualité esthétique, tu tombes dans quelque chose de hautement problématique. Le cercle des aquarellistes de Laval sont probablement très authentiques dans leur démarche – cela donne-t-il une valeur esthétique ou artistique à ce qu’ils font? Faudrait voir. On tombe ici dans un autre problème.
                  Je pense personnellement que durant sa décénnie forte, Maiden n’a pas manqué à ses devoirs musicaux. Et je manque pas d’arguments pour soutenir mon dire. Ensuite, ce qui est arrivé à Maiden (comme à la musique en générale), c’est vraiment autre chose. Trois paradigmes totalement différents par rapport à la production et la circulation musicale se chevauchent brusquement entre 1993 et 2011. Donc oui, vue d’ici, Maiden appartient à une autre époque.

                  • Paul dit :

                    Il est vrai que Seventh Son of a Seventh Son est un très bel album. Il est tout à fait réussi sur le plan mélodique et même parfois sur le plan lyrique, d’ordinaire la faiblesse de l’ère Dickinson. Le son est toujours asseptisé et les coûts de production inutilement exorbitants. Les guitares sonnent une fois de plus comme des synthétiseurs. Or, on le sent ici sincère, aussi on excuse ses fables souvent dignes des comics pour adolescents, mais toutes parmi les plus réussies de sa carrière. Chaque pièce est captivante, ce n’est pas rien.

                    Quand on pense à nos band préférés, on ne se limite pas aux harmonies, à la musique. La dégaine des artistes, leur capacité à nous faire croire en leur salade (Araya et la hargne de l’écorché, Cobain et le mal de vivre sublimé en ironie, par exemple), la poésie qu’ils distillent, voire leur mode de vie contribuent à l’idolâtrie qu’on leur porte. Ainsi, je vois Francis Cabrel au pied du feu avec sa guitare, racoleur. Il entend rocker les matantes en égrainant des rimes rébarbatives et je dois le rejeter en bloc, malgré moi. Un sentiment apparenté m’a saisi à un moment donné par rapport à Maiden. Étaient-ils sincères, authentiques. J’en doute fortement, peut-être à tort. Certaines personnes ne sont jamais sincères dans toute leur vie où tout n’est stratégie et marketing. Qu’est-ce que la sincérité? Bah! Il faut que la prestation soit quasiment une question de vie ou de mort. Dans ses shows, Dickinson faisait le cabotin, il prenait une voix méchante pour présenter certaines chansons, comme pour faire peur aux petits enfants. Du théâtre. La sincérité est-elle un critère incontournable pour les fans de métal? J’aurais voulu le croire.

                    Je ne veux pas accaparer ton blogue davantage. Cela dit, je crois que cet échange était très intéressant et édifiant! À la prochaine chicane!

                    • Darnziak dit :

                      Enfin, voilà matière à réflexion – ça fait du bien de mettre le trolling de côté. L’authenticité est-elle possible pour un groupe métal, ou n’est-ce que du théâtre? Le black metal est né parce qu’on a pris Venom et Bathory au sérieux. Mais Venom et Bathory, n’était-ce pas du théâtre aussi? Mayhem, Burzum, Emperor, Darkthrone, Dissection, qui se voulaient dangereusement sérieux, une autre forme de théâtre – plus sanglant celui-là? Je ne sais pas, la question est intéressante à poser.

                      Je comprend qu’on puisse avoir l’impression qu’il y a quelque chose d’artificiel chez Iron Maiden de l’époque Dickinson, ce qui n’était pas le cas durant les premiers temps du groupe. Un groupe underground sera toujours plus déterminé, plus mystérieux, peut-être plus sincère. Mon attachement à Maiden vient du fait que je les ai connus bien plus tard, à l’époque de Dickinson. Powerslave en boucle durant tout mon secondaire 3.

                      Mais aujourd’hui, je préfère habituellement les groupes jeunes, les premiers albums, l’apparition d’un nouveau genre, le moment de la naissance d’un style, plutôt que sa maturation ou son raffinement : je vais aimer le début du NWOBHM (Angel Witch, Blitzkrieg), le début du thrash (Kill’em all, Show no mercy), du power metal (le EP de Helloween, le premier Blind Guardian), les premiers albums de death metal (Altars of Madness de Morbid Angel), la naissance du black metal norvégien (le premier Burzum, le split Emperor/Enslaved, Pure Holocaust de Immortal, De Mysteriis dom sathanas, etc), les premiers albums de death mélodique (The Gallery – Dark Tranquillity, Subterranean – In Flames, Morningrise – Opeth), plutôt que ce qui est « poli » et « perfectionné » ou « technique ». Simple préférence pour ce qui est brut, énergique, imparfait mais neuf. Il y a plus de vitalité au commencement, plus d’originalité et de génie – et c’est vrai que l’énergie du premier Maiden et de Killers est plus concentrée, plus pure.

                      Qu’est-ce que cela dit à propos de la littérature? Je ne crois pas que ce soit la même chose. Les grands écrivains ont souvent écrits leur chef d’œuvre en dernier, il me semble.

              • Darnziak dit :

                Ce n’est pas compliqué : aucun fan sérieux de metal ne manque de respect envers Iron Maiden.

    • Darnziak dit :

      Paul? Paul Di’anno lui-même? Reviens-en, Paul.

  2. PIT BOILARD dit :

    PAUL DIANNO TWÉ TU M’AS TU SUIVIS DIN ANNÉES 80 DANS C TEMPS LÀ J’AVAIH UN GROUPE QUI S’APPELLAIS DIANNO’S AND BLACK JELLO’S PIS J’MANGEAIS DES ÉCROUS DRETTE SUL STAGE TORRIEU.. SI TU CONNAIS ÇA EL MÉTAL TAS SURMENT ENTENDU PARLER D MWÉ OSTI..SINON AU PIRE MANGES DON UN CHAR PIS ORTOURNE LIRE WIKIPEDIA PIS CONTINUE DE FAIRE SEMBLANT QU’TU CONNAIS TOUTE.. CHU SUR TU FAIS DU HEADBANG EK UNE CREWCUT

  3. ambidextre dit :

    OUCH MON FOIE! Awwww fuck! C’est normal, quelqu’un vient de citer Jean Larose. Il a prit sa retraite non? Bon fucking débarras. Il va avoir beaucoup de temps maintenant pour tromper sa chinoise…

    • Le Mercenaire dit :

      Je sais pas s’il a pris sa retraite. Je sais pas s’il trompe sa chinoise. En fait, je ne savais pas qu’il possédait une chinoise. L’ai vu qu’une fois en conférence, y’a plus de 10 ans.
      Autrement, je crois encore à la propriété intellectuelle. Et je sais que lorsqu’on reprend des dires qui ne nous appartiennent pas, il faut citer sa source. Et je me crisse un peu de ce que cette source fait de sa queue.

    • Tarlatane D. dit :

      Une petite anecdote sur Jean Larose, merci! C’est de ça qu’on avait besoin.

  4. Tarlatane D. dit :

    Mais plus sérieusement, je crois qu’il y a beaucoup de bons auteurs qui passent leur vie à réécrire le même livre et je ne pense pas que ce soit médiocre comme démarche.

    • Le Mercenaire dit :

      Bon! Enfin on peut jaser!

      Si tu réécris le même livre par complaisance ou par paresse, je pense que c’est médiocre.
      Si tu réécris le même livre parce que t’arrives jamais à rendre ce que tu voulais dire, c’est autre chose. Si en réécrivant, tu t’égares dans les zones que t’avais pas encore défrichées, ça donnera sûrement de quoi de valable.
      Certains bons auteurs essaient peut-être de réécrire le même livre mais ils débouchent à chaque fois sur du neuf, sur quelque chose qu’ils ne soupçonnaient peut-être pas.

      • Tarlatane D. dit :

        Je crois que les bons, c’est toujours vers ça que ça débouche. Des variations sur les mêmes thèmes. De quoi d’même.

        • Le Mercenaire dit :

          Ça serait bon que je plogue un exemple issu de la littérature mais je vais pousser ma comparaison avec Maiden pour écoeurer un peu plus la galerie.
          Leurs albums des années 90′ – et si tu te tapes _No prayer for the dying_ puis _Fear of the Dark_, tu vas voir ce que je veux dire – sont la même modulation du même thème. Quelque chose de littéralement sériel. Maiden était pris dans un genre de panne sèche à partir de laquelle le groupe restait incapable de produire une quelconque variation.

          Réécrire, quand c’est bon, c’est peut-être dire autre chose avec les mêmes thèmes tout en variant dans la forme.

  5. Tarlatane D. dit :

    Ça permet de travailler la forme, comme gosser le même pattern sur une guitare.

  6. Intéressant. Je crois qu’un auteur, bien souvent varie sur ses obsessions, ses démons. Qu’importe la forme, le fond n’est qu’une variation de ce qu’il a en lui. Bien sur de nouvelles émotions viendront l’étreindre en fil du temps mais le gros de ce qu’il a est déjà englué dans son ventre depuis l’enfance (ça sonne un peu comme de la psychologie a deux balles) d’où les variations. C’est tout de même rare que les auteurs s’éloignent beaucoup de ça non?
    Après, peut être que plus les variations sont larges plus le talent de l’auteur est grand. je ne sais pas.

  7. Kapache dit :

    « Ce qui s’est passé ici, c’est que par la dialectique que permet l’émulation, Maiden comme projet esthétique, s’est vu absorbé, puis augmenté par Dream Theater. »

    si tu voulais te la péter, et si j’étais toi, j’aurais dit en termes hegeliens, Maiden s’est vu subsumé par Dream Theater dans un mécanisme d’Aufhebung – c’est-à-dire plus schématiquement – de sursomption.

    Par contre, pour le reste, hiérarchie des valeurs (puisque des oeuvres) et tout le toutim… c’est, comment dire… réactionnaire? Du moins tant que tu ne fournis pas d’explicitation quant au fait que ton échelle de comparaison est (et reste jusqu’à preuve du contraire) arbitrairement subjective.

    • Le Mercenaire dit :

      Bien en fait, je ne voulais pas me la péter et je n’ai pas truffé l’article de termes pris chez Hegel parce que je ne l’ai pas encore vraiment lu – et je préfère dire que je ne l’ai pas lu que débarquer sur un blogue après m’en être fait parlé dans un ou deux cours.
      Fuck me, on peut-tu sortir du XVIIIe pis du XIXe un peu pour parler d’esthétique?
      Celui qui semble vouloir se la péter ici, c’est plutôt toi. Mais je ne te prêterai pas ce genre d’intention. Moi-même, je déteste me faire prêter des intentions.
      J’ai pas besoin de fournir d’échelle de comparaison pour mon propos : Iron Maiden et Dream Theater m’ont fourni une anecdote pour ouvrir mon texte.
      Si je compare deux chose ici, c’est l’auteur qui finit par se contenter de son petit canton esthétique versus celui qui se permet d’explorer et d’ouvrir les formes qui le mystifient.
      Maiden qui a fait le tour de sa question et Dream Theater qui reprend Maiden à son compte pour s’alimenter.

  8. Chris Seroquel dit :

    Mon cher Mercenaire,
    C’est fou ce que c’est performatif ce genre de discussion sur un blogue. Dans un sens, c’est encourageant de voir quelqu’un tenter de discuter avec des esthètes hégéliens. Trop souvent, leur esthétique n’existe que dans leur tête, et ils sont les seuls à ne pas voir que la fonction de leurs interventions dans le discours terrestre des littéraires, c’est de flatter leur égo tout seuls. Que veux-tu, tu as fait bander l’ami Kapache avec le mot « dialectique ». il a tout de suite pensé qu’il était autorisé de t’attaquer avec du réchauffé hégélien. Pour ces esthètes du passé, c’est mieux qu’un clip de Gianna Michaels sur xvideos.com. On pourrait facilement lui faire le même tour avec du Heidegger (ou avec Aristote, pour qui, ne l’oublions pas, la dialectique était une manière de discuter de ses OPINIONS), et dieu sait que ce serait jouissif de le faire, mais quant à moi, je préfère les confrontations en face à face, ou à tout le moins dans une environnement où un véritable dialogue peut se mettre en place. Parce que, ne l’oublions pas, les obsédés du concept universellement reconnu et bandable ont eu aussi besoin d’amour.

    • Kapache dit :

      Mon ptit Chris, c’est on ne peut plus juste. Merci d’avoir cerné et saisit sur l’instant, avec tant de précision et de subtilité, mes attentes, mes peurs et mes fantasmes les plus profonds.
      Par contre, et tu excuseras mon impertinence de vermisseau, mais pour ce qui est du « concept universellement reconnu », tu tapes à côté. Je t’invite à relire le dernier paragraphe de mon premier commentaire.

      Enfin, heureusement que les grands artis’ sont là pour reconnaître qu’il suffit de mentionner Hegel pour accéder au rang combien honorable d’esthète.

      • Chris Seroquel dit :

        « arbitrairement subjective » ? WTF ? C’est qui le réactionnaire ici ? Ceci dit, je pense que vous avez raison, M. Kapache, quand vous demandez au Mercenaire de détailler son « échelle ». Je continue de penser, cependant, qu’il y avait moyen d’établir la discussion sur des bases, comment dire, plus conviviales… Les anglais disent souvent: the spirit is a bone. Ici, c’est « the spirit is a boner »: l’esprit est une érection…

      • Le Mercenaire dit :

        Détailler mon échelle? Vous voulez que je compare quoi avec quoi? Les médiocres et les grands? Voyons. C’est pas de ça que je parle. Je propose une approche, je ne suis pas entrain de fixer un étalon ou une mesure. J’ai dit d’ouvrir le plus de livres possibles et de les lire. Dialectique. ( (f) = Allez vers le nouveau, se confronter au nouveau, revenir, cogiter, repartir). Allez vers l’encore plus nouveau + (f)… Rebelotte.
        Et faudrait laisser Hegel tranquille. Sa postérité est déjà bien assurée.

        • Chris Seroquel dit :

          La dialectique – peu importe comment on la définit – suppose quand même une espèce de relation entre deux choses occupant des espaces différents. C’est difficile de ne pas présupposer la hiérarchie, l’un avant et en-dessous de l’autre. Tu compares deux esthétiques, tout de même, c’est le champ que tu proposes. Ton « Aller vers le nouveau », suppose, il me semble, une espèce d’écran de Mario Bros. virtuel. On ne se sort pas de Hegel dans ces cas là. Sa sainteté le Kapache n’a pas tout à fait tort lorsqu’il te ramène à la sacrée « sursomption » (son façon bien à lui d’interpréter « l’aufhebung »), mais il y a la manière et tout. Inutile de revenir sur ses niaiseries, de toute façon on a perdu toute possibilité d’une véritable discussion. La dialectique hégélienne est toute puissante dans le monde de la critique artistique. Je pense que tu essaies, à tâtons, de te sortir de cette structure-là, et c’est ce que j’aime dans ton texte. Un moment donné, tu décideras, peut-être, que tu peux tuer l’esthétique tout court, que tu peux penser à ta musique et tes livres sans ce dispositif-là. Mais ce geste là, ça déclenche souvent une inquisition assez sadique, au fond. Faut s’y habituer.

          • Le Mercenaire dit :

            Le nouveau, ça peut être ce que tu ne pensais pas lire ; le connu, ce que tu lis et relis sans arrêt. Le nouveau, ça peut aussi être ce que tu ne pensais jamais écrire ; le connu, ce que tu ne cesses jamais d’écrire. Voilà pour mes deux espaces. Pas envie de parler en termes de canons littéraires – tu sais comme moi que je commence à en avoir ma tasse pleine. Mais on s’éloigne peut-être de PHI 3640.
            Tuer l’esthétique? Sounds fun.

            • Kapache dit :

              « Détailler mon échelle? Vous voulez que je compare quoi avec quoi? Les médiocres et les grands?  »

              Non, juste essayer de réfléchir un minimum sur ce qui constitue « un médiocre », « un grand », « un petit ». Bref, sur quoi est fondée ton échelle de valeurs et ses origines.
              En tout cas, ça me fait bien plaisir de trouver des compagnons d’onanisme. Chapeau les gars, z’êtes forts.

              Petite note parce que je ne voudrais pas m’approprier le travail des autres, ça n’est pas « moi » qui interprète personnellement l’aufhebung comme « sursomption » (faudrait voir à vous cultiver un minimum les enfants, j’aime bien les discussions de comptoir mais ça présuppose, justement, un comptoir et à boire). Néanmoins si tu as une meilleure définition mon ptit Chris, je suis preneur. Tu sembles aimer les langues étrangères, peut être connais-tu bien l’allemand? D’ailleurs, je ne vois pas ce qui te gêne dans le « arbitrairement subjectif ». Personnellement, je verrais ça plutôt comme un compliment vois-tu. Un genre de relatif libre-arbitre si tu veux.

              • Le Mercenaire dit :

                Pour les origines de mon « échelle de valeurs », ce blogue a des archives. Tu y trouveras une bonne couple de notes qui ont trait à ma définition d’un grand. Il reste toutefois très difficile de cogiter sur le médiocre et le grand quand tout débat autour de cette question a sombré dans un relativisme plutôt désarmant et que le petit conte de fée à l’origine de la fondation des canons esthétiques a été pulvérisé de l’intérieur.
                Tant qu’à moi, le médiocre, c’est ce qui relève de l’imposture et du dilettantisme inavoué. Donc souvent, à mes yeux, un médiocre sera le grand d’un autre. Car t’as raison, faudrait se « culturer » un peu plus. Pas pour en péter de la culture, mais bien pour connaître ce qui reste d’inconnu. Peut-être aussi, pour spoter ceux qui pensent connaître.
                Et parlant de grand, de médiocre et de petit, je voudrais savoir ce qui, chez toi, fait de Chris Seroquel, un petit.

  9. Kapache dit :

    Tu auras remarqué, je n’ai pas écris « petit » mais plutôt « ptit ». J’aurai pu écrire « mon grand Chris » si tu préfères, mais généralement le son « criss » me vient souvent à l’esprit précédé de « pti ». Réflexe malheureux, que veux-tu; sans rapport avec une quelconque notion de grand ou petit.
    Par contre, si tu veux que je t’explicite mon échelle de valeurs quant à ce que je considère grand ou petit, faudrait que tu me donnes un sujet. Et si ça peut te rassurer, le relativisme n’a rien de désarmant, s’il est pris avec tact.

    Effectivement, j’admets avoir eu la paresse de ne pas aller regarder dans les archives.

    « pour connaître ce qui reste d’inconnu. » Juste deux mots: bon courage.

    Pis eh, détendez-vous hein. C’est pas bon de trop se prendre au sérieux.

    • Le Mercenaire dit :

      Mouais. Mais le tact arrive à son crépuscule, j’ai l’impression.
      Pour tes deux mots, je préfère : « Au travail » que « bon courage ». Mais j’avoue que le projet ne manque pas d’ambitions.
      Pour notre rapport avec le grand, en parlant d’ensemble d’oeuvres, je disais aussi que c’était peut-être un peu désuet. Que c’était peut-être plus payant de s’en servir comme métaphore de travail – comme figure, let’s say – que de tenter de l’atteindre littéralement ( d’où le « au travail »).
      Et ce que je prends au sérieux ici, c’est la discussion. Pour le reste, je te renvoie encore une fois au blogue dans son ensemble, le sérieux ici se fait souvent déplumer la raie.

  10. Rintintin dit :

    ***** Chateaubriand précédait d’une génération et s’établissait ainsi comme figure de proue. Maiden c’est un peu ce genre de figure, d’où le fait qu’il ait dominé une décennie entière. ****

    Pour moi, cela décrit bien Black Sabbath, le premier, celui des années 60-70 avec Ozzy.

    Le premier heavy metal.

    • Le Mercenaire dit :

      On parlait des années ‘8o. C’est pour ça que je n’ai pas parlé de Sabbath. Si Black Sabbath a développé le son pesant, c’est Maiden qui s’est chargé de développer le circuit mondial dont je parlais. Pendant que Maiden parcourait la planète pour implanter la scène, Sabbath engageait Dio comme chanteur glissait lui aussi dans ce que Paul traite de metal aseptisé.

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